SecretJaeHwan qui a pourtant l’air d’un jeune homme normal, est né d’une expérience scientifique dans un laboratoire, secret dont lui-même n’est pas au courant. Suite à une manipulation complexe du génome humain, à la mutation de plusieurs identités d’hommes et de femmes, dont celle de l’universitaire qui lui a donné naissance et dont les défauts ont été ôtés, JaeHwan devait tout avoir de la perfection… Cela aurait pu être le cas si les êtres humains n’étaient pas aussi complexes.

CaractèreDans toute sa perfection, son intelligence, son génie et la confusion qu’il laisse derrière lui, JaeHwan a tout autant de défauts qui font de lui une personne qui ne sait pas se fondre avec ses semblables. Bien entendu, doué d’émotions comme n’importe qui, il n’en a cependant malheureusement qu’une petite palette en sa possession, résultat de l’ambition trop grande de son père et créateur. A ne vouloir conserver que les « bons » côtés des séquences génétiques dont il s’est servi pour donner vie au jeune homme, il l’a aussi rendu émotionnellement handicapé. Fort heureusement, il est tout de même capable d’avoir des conversations normales et de sympathiser, mais cela n’est toujours que de courte durée. Dépourvu de tact, maladroit, et en proie facile à la panique lorsqu’il ne maitrise pas la situation, il est de coutume pour lui d’être seul, ou en seule compagnie de son père. Il n’est cependant pas idiot –évidemment-, il est parfaitement conscient de la présence d’un problème, mais il ne parvient pas à comprendre. Son esprit rationnel, cartésien, et l’éphéméride des situations dans lesquelles il fait face au problème ne lui en laissent pas le temps. Pour quelqu’un doté d’une telle intelligence, il est inutile de préciser à quel point cela peut être dommage. Le scientifique qui lui a donné vie a beau avoir essayé de lui inculquer tout le savoir-vivre qu’il possédait, tenter de parler raisonnablement à un enfant glacial est d’une difficulté sans précédent. Bien sûr, il n’a pas essayé en vain puisque le jeune homme n’aurait pas été capable de vivre dans cette société s’il ne lui avait pas appris ne serait-ce que les bases. Mais comparé à un être humain normal, il est toujours loin, très loin d’être pourvu des notions suffisantes à son adaptation complète. Il espère lui-même un jour comprendre ce qui cloche chez lui, même après presque trente ans de vie durant lesquelles il n’a pas encore trouvé de solution. C’est bien souvent à se demander s’il avait été doté d’un cœur lors de sa confection.
Heureusement pour lui, il est tout de même pourvu d’une sensibilité, bien cachée mais belle et bien présente et qui se matérialise principalement en présence de musique. Peut-être est-ce pour cela qu’il passe parfois des heures à écouter le même morceau… Pour ressentir ce qui d’ordinaire ne l’atteint pas, pour se doper à l’adrénaline que lui apportent ces nouvelles sensations.
Un autre problème résultant de ses origines est en revanche, son absence d’instinct de survie. Il peut passer des heures, des journées entières à travailler, faire des recherches dans son laboratoire, jusqu’à s’en rendre malade. S’il le jugeait important, il pourrait se jeter dans un bâtiment en flammes sans réaliser une seule seconde la douleur que cela engendrerait pour lui, ou tout simplement les conséquences que cela pourrait avoir sur sa vie.
Il fait cependant paradoxalement partie des personnes à aimer se regarder dans un miroir, et par conséquent, dire qu’il ne s’appréciait pas serait un pur mensonge. Il prend toujours énormément soin de lui –allez comprendre-, que cela soit en portant des vêtements parfaitement accordés, le plus souvent noirs avec une touche de couleur par ci par là ou en agrémentant son regard d’un trait très fin et à peine visible de crayon noir. Son hygiène personnelle fait partie de ses priorités. Il est pour ainsi dire toujours impeccable, et ne l’est bien évidemment pour personne d’autre que lui puisque rappelons le, se faire des amis n’est pas son fort. Il fait en sorte d’être parfait jusqu’au bout des ongles… Dans la limite de ses possibilités.
En plus d’être un passionné de musique, un chanteur en or qui n’a jamais fait une seule note maitrisée devant qui que ce soit d’autre que son chat, il est aussi doté d’une curiosité sans borne, et d’une patience incroyable… Mais son amour pour la nourriture est un énième problème pour lui qui… Est incapable de faire la cuisine autrement qu’avec ses outils de chimiste en herbe. C’est comme si on lui avait ôté la possibilité de se nourrir sans risquer d’attenter à sa vie. Son père lui avait interdit de toucher à une cuisinière depuis sa première tentative de transformer la maison en bûcher. Suite à ces évènements, il évite tout simplement de se nourrir autrement que dans un restaurant ou des mains de qui le veut bien. Autant dire que cela se résume le plus souvent au restaurant en solitaire. Chose particulièrement triste en y repensant puisqu’il n’a rien de l’être méchant, au contraire il peut même être très serviable et parfois de bonne compagnie ! Mais son tempérament trop direct et perfectionniste le trahit. Peut-être un jour comprendrait-il à quoi se réfère ce petit pincement dans sa poitrine à peine perceptible lorsqu’il fait visiblement une erreur de calcul dans ses relations humaines. Un jour… Il est humain après tout, même s’il n’a pas les mêmes origines que tout un chacun et est un peu spécial. Lorsque ce jour arrivera, cela sera un soulagement pour l’humanité, et un grand pas pour JaeHwan.
Que dire de plus si ce n’est que dans son incompréhension de la sphère sociale, cet homme restera sûrement un éternel incompris ? Il ne sait pas jouer d’autre instrument que ses cordes vocales, il n'est pas très doué en sport mais il se garde en forme autant qu'il est fan de mode, il aime les chats qui en général eux ne l’aiment pas, il aime créer de nouvelles choses comme son père… Il est dans son labo comme un poisson dans l’eau, il y passe le trois quart de son temps et possède un meuble de la taille d’un mur entier remplis de CDs en tous genres, qu’il écoute sans arrêt en faisant ses recherches.

Histoire

- Ca y est ! J’ai réussi !

S’exclama le scientifique en regardant son nouveau génome muter à travers son microscope. Il avait enfin atteint son but, grâce aux fonds d’un homme riche et inconnu. Sûrement encore un de ces hommes qui possèdent de l’argent à ne plus savoir qu’en faire… Il ne lui restait plus qu’à former l’être humain qui serait détenteur de ce merveilleux code génétique, le faire naître.

[...5 mois plus tard]

- Non… Pas ça…

Le chercheur venait de prélever un échantillon de sang à son futur enfant en pleine croissance afin de l’analyser et suivre son développement, mais il était loin, très loin d’avoir prévu ce qu’il était en train de voir… C’était à peine perceptible, mais il l’avait décelé malgré tout. La mutation ne fonctionnait pas aussi bien qu’il l’avait souhaité, et il n’aurait malheureusement pas pu s’en rendre compte avant. Les gènes ne parvenaient pas à cohabiter totalement, certains s’entre choquaient,  et d’autres étaient visiblement en pleine et lente dégénérescence qui fort heureusement n’entravait pas la croissance du bébé.

Soudainement, un craquement se fit entendre vers l’entrée du laboratoire, derrière lui. Aux aguets et conscient des risques qu’il prenait en menant à bien une telle expérience, le scientifique s’était préparé au pire. Il glissa sa main avec précaution sous le plan de travail pour en sortir une arme à feu… Personne ne devait être ici à cette heure-ci. Il fit un pas en arrière comme s’il bougeait simplement de son emplacement pour se dégourdir les jambes, mais en profita pour regarder dans la vitre d’un de ses placards où étaient entreposés tous ses outils de travail, et ainsi voir qui était l’intrus. Un homme caché derrière une capuche noire semblait l’observer, un homme qu’il n’avait jamais vu auparavant.  Cette vision lui fit froid dans le dos. Il avala sa salive avec difficulté, et fit comme si de rien était en allant déposer l’échantillon de sang dans une salle adjacente et frigorifiée.

Il était prêt. Il sentait sa présence se rapprocher et en profiter pour s’infiltrer alors qu’il posait l’objet et tenait son arme dans la poche de sa blouse blanche. Derrière lui, juste derrière lui… Il prit une grande inspiration tout en restant discret, se retourna, et tira dans le tas. Seul un bruit étouffé par le silencieux dans lequel il avait investi retentit. L’homme se cogna contre l’étagère dans son dos sous le choc de l’impact, saccageant une ribambelle d’objets qui tombèrent et s’écrasèrent sur le sol. L’inconnu tenait sa plaie en grimaçant tandis qu’il tombait à genoux sur le sol, et que le scientifique était témoin de son propre meurtre, les yeux écarquillés.

[...4 mois plus tard]

- Là, je suis là, tout va bien… JaeHwan.

Murmurait le scientifique alors qu’il venait de sortir son enfant de sa couveuse. Il souriait à son expérience qui s’avérait malgré tout, malgré les défauts qu’il avait déjà décelé, être un véritable succès. Il était heureux, même si le chemin qu’il avait commencé à emprunter était semé d’embuches. Même s’il avait tué et enterré un homme, même s’il ne savait pas ce qu’allait lui réserver l’avenir, même s’il avait créé un être plus éphémère encore qu’un être humain normal, même s’il mettait lui-même sa vie en jeu… Un léger rire lui échappa alors qu’il voyait enfin l’enfant calmer ses pleurs dans ses bras.

- Ça te plait, JaeHwan ?

[...18 ans plus tard]

- JaeHwan…

Il lui tenait la main, sur son lit d’hôpital, et attendait avec impatience l’avis des médecins sur la condition de son enfant qui était enfin devenu un jeune adulte.

- Comment tu te sens ?

- Fatigué… Soupira le concerné qui gardait les yeux fermés, la tête tournée vers son père, et la joue droite appuyée contre l’oreiller.

- Ca va aller, on va trouver une solution t’en fais pas.

Le scientifique serra un peu plus la main de son fils. Il avait beau avoir été un enfant très difficile à cerner et élever de par son manque cruel d’émotion, il s’était attaché à lui comme n’importe quel parent l’aurait fait. Il l’avait vu évoluer, s’améliorer dans la limite de ses possibilités, et accomplir de véritables miracles intellectuels. Il l’avait vu devenir un homme, évoluer comme un être humain normal l’aurait fait à sa place, car il en était un, même s’il était le fruit de son expérience personnelle.

- Qu’est-ce qu’il y a ? Demanda l’universitaire en voyant un fin sourire se dessiner sur les lèvres de son fils.

- Je sais que je n’en ai plus pour longtemps, je ne suis pas stupide.

- Ne dis pas ça !

Un médecin entra dans la pièce avant que le scientifique n’ait eu le temps de s’énerver plus amplement.

- Je peux vous parler un instant ?

Le père se leva, et sortit avec l’homme en blouse blanche qui soupira et ne savait comment trouver ses mots à peine furent-ils sortis.

- Monsieur… Je suis désolé, mais votre fils n’a que très peu de chance de se remettre de cette maladie. Ses poumons sont presque entièrement détruits, tout comme son foie, et les cellules gangrenées s’attaquent petit à petit au reste de ses organes…

- Non…

- Nous ne pouvons que vous proposer l’ablation des tissus gangrénés en attendant une potentielle greffe d’organes… Mais étant donné son état, il est peu probable que la commission accepte de le faire passer au plus haut de la liste d’attente.

- Non… Je suis certain qu’il y a encore quelque chose à faire ! Faites quelque chose ! Mettez le sous respirateur… Ou dans le coma en attendant s’il le faut… Mais ne le laissez pas mourir, par pitié !

Alors qu’il terminait sa phrase, il tourna la tête en entendant son fils s’étouffer dans la chambre et cracher un énième caillot de sang dans la petite coupelle qu’on lui avait fourni. Le médecin soupira et se massa les tempes.

- Je suis désolé, nous ne pouvons rien vous promettre, mais nous allons faire notre possible.

Le scientifique baissa les yeux sur le sol. Son cœur lui faisait si mal…

[...4 ans plus tard]

- Appuies toi sur moi, viens.

Après 3 ans de coma, et un an de rééducation intensive physique et respiratoire, c’était la première fois que le jeune homme remettait les pieds dehors.

- Je te tiens, attention.

Le soleil l’aveugla, il tenait à peine debout et s’accrochait à son père comme à une bouée de sauvetage.

- Tu ne pensais pas le revoir n’est-ce pas ?

- C’est vrai… Répondit JaeHwan en sentant la chaleur de ce beau jour ensoleillé caresser sa peau.

Il s’était fait une raison, pour lui, il était déjà mort une fois.

- Pleure pas ! S’exclama-t-il en voyant son père visiblement trop ému se mettre à pleurer.

Le scientifique sourit légèrement, et se tourna vers lui pour l’enlacer doucement.

- C’est fou ce que tu peux être idiot et tellement intelligent à la fois… dit-il en serrant son fils dans ses bras.

Ce n’était qu’un intermède, qu’une douce pause, il le savait, les médecins le lui avaient bien dit, et lui-même connaissait la maladie qui était celle de son fils depuis sa naissance. La maladie qui n’était là que par sa faute… Mais il était déjà heureux qu’il soit encore vivant. C’était miraculeux qu’il soit encore en vie, n’est-ce pas ? Lui-même, en tant que scientifique de renom, était agréablement étonné qu’il soit encore de ce monde. Son expérience, aussi réussie que ratée fusse-t-elle, semblait vouloir se battre, malgré tout, et continuer à exister autant qu’elle le pouvait.

[...6 ans plus tard, aujourd’hui]

- Jiji ~

Appela le jeune homme en cherchant son chat qui continuait à le fuir à travers tout le laboratoire.

- Jiji-yah, reviens par-là ~

Répétait-il, la musique continuant à résonner dans toute la pièce immense.

Soudainement, un trou noir prit place devant ses yeux, et il se prit l’angle d’un meuble dans la hanche avant de butter contre un tabouret, et tomber à genoux sur le sol.

- Aish…

Grogna-t-il alors qu’il se frottait une nouvelle fois les yeux derrière ses lunettes. Depuis ce jour où il avait quitté l’hôpital, cela ne cessait d’arriver, par ci, par là.

- Jiji-yah…

Un miaulement se fit entendre, et JaeHwan sourit.

- Allez vient…

Il ne voyait rien, mais après une petite minute, il sentit des petites pattes se poser sur ses cuisses, et le chat grimpa sur ses genoux. Un rire lui échappa. Il peinait à l’apprivoiser, mais il y arrivait petit à petit. Il commença à le caresser doucement alors que sa vue lui revenait progressivement.

- On va bientôt rentrer à la maison, t’as faim Jiji-yah ?

Le ronronnement qu’il eut en guise de réponse, le fit sourire un peu plus.

- T’es adorable…