Secret
Je suis devenue anorexique à l'âge de quinze ans. Je ne supportais plus mon image, je n'arrivais plus à m'alimenter. J'ai commencé à me détester pour ne pas être comme les autres. Être la fille d'un homme important c'est beaucoup de pression. J'ai toujours mal vécu le fait de ne pas pouvoir faire ce que je voulais, quand je le voulais. L'argent fait tout. J'étais au service de l'argent. Mon père veillait à ce que je sois parfaite. J'ai subi pendant plusieurs année. J'avais dix huit ans lorsque je me suis ouvert les poignées dans notre magnifique cuisine. J'en étais arrivée à un point ou je ne voulais plus vivre. Je me suis retrouvée à l'hôpital puis en clinique spécialisée. Ils ont fait passé ça pour des problèmes de santé, rien de grave, juste une cure pour me ressourcer. Ça la fout mal, une fille qui tente de se tuer. Je suis rester plusieurs mois à la clinique. Je ne sais même plus quels mensonges ils ont inventé mais je m'en fiche.

CaractèreJe suis fière de ma fille. Elle est intelligente et tenace, comme son père. Je lui ai appris les véritables valeurs de la vie. C’est une jeune femme ouverte d’esprit, capable d’accomplir de nombreuses choses. Elle ne baissera jamais les bras. Je ne pouvais pas rêver mieux. Polie, attentionnée, et surtout très patiente. Elle ne se plaint jamais même lors de longues soirées de gala. Je pense qu’elle a l’étoffe d’un leader et qu’elle a les capacités pour reprendre ma place lorsque le temps sera venu.
[M. Bae, père]

Hyunie fait toujours bonne figure, elle accepte tout sans broncher. C’est une fille fragile, je la connais mieux que les parents. Elle fait toujours croire que tout va bien alors que le soir je l’entends pleurer dans sa chambre. Je n’aurai jamais son courage. Elle m’impressionne. Je voudrais être aussi forte. Elle subit beaucoup de pression. On peut toujours compter sur elle, je dirai même qu’elle est trop gentille, elle se fait souvent avoir et n’arrive pas à dire non. Les gens se servent d’elle et je n’aime pas ça. Elle me protège toujours, elle a toujours fait passer les autres avant elle.
[Bae Hana, soeur]

Je l’ai connu au collège. Tout le monde savait qui elle était. Une des plus riches de l’époque, pourtant, elle ne faisait jamais ressentir qu’elle valait mieux que nous. Elle n’avait pas un égo surdimensionné et ne se vantait pas du statut de son père. Elle était humble et timide. Elle n’osait pas aller vers les autres. C’était une gentille fille, et je ne l’ai jamais vu en colère. On voyait qu’elle n’était pas très à l’aise. Je ne lui ai parlé que quelques fois. Elle se concentrait sur les cours ou avait toujours le nez dans les bouquins. Ses parents ne sont jamais venus aux réunions. J’ai le souvenir d’une gamine triste.
[Park Min Su, camarade de classe]

C’était ma meilleure amie au lycée, j’ai bien vu son état se dégrader, mais je ne disais rien pour ne pas l’énerver. Elle me faisait rire, j’adorais son humour et sa façon de dire les choses. Je n’ai jamais rencontré une fille aussi douce et gentille. Jamais un mot plus haut que l’autre. Elle était très réfléchie et mature. Je me demandais comme c’était chez elle. Ça ne devait pas être drôle tous les jours. Physiquement elle était parfaite. Jamais un pli, jamais une tâche. Au début tout allait bien et puis j’ai remarqué qu’elle ne mangeait plus au réfectoire, elle prenait une pomme qui finissait à la poubelle. J’ai attendu avant de tirer des conclusions hâtives. En trois ans, elle a perdu du poids, je ne voyais plus son sourire. J’avais mal pour elle. Comment pouvait-on faire du mal à quelqu’un d’aussi gentil. Je tenais à elle.
[Lee Na Young, meilleure amie]

Tout le monde pense qu’elle est folle parce qu’elle a tenté de se trancher les veines. J’ai bien avalé plusieurs boites de médicaments. Jamais je ne la jugerai. J’ai passé du temps avec elle. Elle est loin d’être folle, elle était simplement mal dans sa peau. Je pense que son séjour lui a fait du bien, mais pas les médicaments. C’est mauvais les médicaments. Si elle ne les prend pas, elle peut rechuter, mais il y a pas mal d’effets secondaires. C’est une fille bien et courageuse, elle va s’en sortir.
[Lim Ji Nah]

Histoire

Tout le monde pense que c’est cool d’être riche. Avec de l’argent on fait ce que veut, on achète tout, on se fait plaisir. Je ne dirai jamais que c’est une mauvaise chose, mais personne ne voit le mauvais côté. Être blindé de thune ça veut aussi dire être important. Et quand on est important, on doit faire attention à tout. C’est mon père qui gagne bien sa vie, pourtant toute la famille doit être parfaite. Il ne doit y avoir aucune faille, aucune erreur de notre part. Les journalistes n’attendent qu’une seule chose : un faux pas.

Je suis l’ainée, j’ai donc été la plus sollicitée, je devais montrer l’exemple à ma petite sœur et à tout le monde. J’étais la première fille, la parfaite, belle et intelligente. C’était l’image que je devais donner de moi. Mon père n’étais jamais content, je n’étais jamais comme il fallait malgré mes efforts. Je prenais tout pour éviter à ma sœur de vivre la même chose.
C’est fatiguant de toujours décevoir ses parents, de ne jamais être à la hauteur. J’avais des bonnes notes à l’école, mais ils voulaient toujours plus. J’étais tout le temps sous pression.

Ils n’aimaient pas que je fréquente d’autres personnes, qui n’avaient pas notre niveau. Je détestais ça. Ils choisissaient presque mes amis et m’interdisaient de sortir juste pour être sûr qu’il ne m’arrive rien. Je n'avais pas le droit aux sorties cinéma et soirées pyjamas. Je devais étudier, apprendre les bonnes manières et écouter mon père. Il avait tracé tout mon avenir. J’allais faire des études de droit, pour pouvoir travailler dans le pôle juridique de son entreprise. Avec mes années d’expérience,  je pourrais reprendre la tête de l’entreprise quand il prendrait sa retraite. On ne m’a jamais demandé mon avis.
Je me sentais mal dans ma peau, je n’étais jamais à l’aise. J’étais coincée dans ma prison dorée et tout le monde m’enviait. Je ne sais pas quand exactement, mais j’ai commencé à arrêter  de manger. J’ai commencé par manger moins, puis presque plus rien du tout. Mon père m’avait toujours dit que j’avais des kilos en trop, je me sentais complexée. Mes vêtements sont devenus trop larges et rien ne s’arrangeait.

Je venais d’avoir dix-huit ans, durant le diner je faisais semblant de manger, comme d’habitude, et puis je me suis levée, je suis allée dans la cuisine, je ne sais pas pourquoi, j’ai ouvert le tiroir et j’ai attrapé un couteau. Ils étaient toujours bien aiguisés. Je n’ai pas réfléchit, et j’ai tranché mes poignets. Je voulais juste mourir. Je me suis laissée glisser sur le sol et j’ai attendu.
Je voyais flou. J’ai entendu ma sœur hurler et plus rien.
Je me suis réveillée à l’hôpital, seule ma sœur était là. Mes parents expliquaient à la presse que j’avais fait un malaise. L’ambulance devant la maison avait attiré les regards des curieux. Un malaise ? Tu parles. On m’a nourrit avec des tuyaux et je voyais un psychologue. Il m’a finalement envoyé dans une clinique pour plusieurs mois. J’avais besoin de parler, de calme et de remonter la pente. Je ne sais pas comment mon père a expliqué mon absence. Ce n’est pas mon problème.

J’ai rencontré des filles à la clinique et je me suis enfin sentie vivante, moi-même. Ce sont les meilleurs mois de toute ma vie, même si on me prenait pour une taré. J’ai pris un traitement qui m’a changé, je peux devenir violente si je ne le prends.
J’ai repris mes études en sortant d’ici. Aujourd’hui je suis en troisième année de droit et j’ai décidé de vivre ma vie comme je l’entend.