Secret
Lorsqu’il avait 15 ans, James - son ancien prénom - réussit à échapper pendant cinq misérables minutes à la surveillance des hommes de son père. Cinq minutes qui suffirent à le faire incendier un bâtiment entier de son ancienne école en Angleterre. Heureusement il n’y avait eu aucun mort, tout avait été évacué assez rapidement. Mais ce petit moment avait suffi à son père pour qu’il se rende compte que son fils avait besoin d’un sérieux suivi psychologique. Tae Won avait été immédiatement rapatrié en Corée du Sud et mis sous surveillance double. Aujourd’hui, sous ordonnance de son psychiatre, il vit seul après avoir appris à calmer plus ou moins ses pulsions pyromaniaques. Il reste néanmoins fasciné par les flammes dès qu’il en voit une…

Caractère
- Qualités : Courtois, poli, attentionné, prévoyant, cultivé, romantique, organisé, réfléchi, subtil, calme, discret
- Défauts : Désintéressé, maniaque, vieux-jeu, taquin, dépensier, exigeant, méfiant, séducteur
- Aime : Le feu, le rouge, la viande, prendre soin de son apparence, les demoiselles, s'amuser, les voitures et les motos, les marques de luxe, Londres, la pluie, la musique, aller au cinéma, le sport, voyager, cuisiner
- N'aime pas : L'alcool plus précisément s'enivrer un verre lui suffit, les taches, les noix il y est allergique, la violence, l'eau de mer, étudier, les endroits bondés de monde, rester assis devant la télévision

Histoire

« Détendez-vous James. »

« Tae Won. »

« Nous en avons déjà parlé James. Il est nécessaire d’utiliser votre ancien prénom entre nous pour vous... »

« Pour me rappeler encore et encore mon erreur ! Je n’ai pas besoin d’être appelé par mon ancien prénom pour m’en souvenir vous ai-je déjà dit ! » le coupa-t-il.

« Calmez-vous James. Nous n’arriverons à rien dans ses conditions. Vous ne souhaitez tout de même pas que j’annonce à votre père que nos séances sont un échec. »

« … »

« Oui c’est ça, respirez… Bien… Reprenons. Présentez-vous. »

« Est-ce vraiment nécessaire de répondre cette question également à chaque séance ? »

« Présentez-vous s’il vous plait. »

« …Mon nom est Roh Tae Won. 23 ans. J’étudie à Elite Korea depuis 5 ans maintenant en Economies et Gestion pour faire plaisir à mon père. Il veut que je reprenne le flambeau de son entreprise même si cela ne m’intéresse pas. Mon père est l’actionnaire majoritaire et président de LG Electronics, il est d’origine coréenne tandis que ma mère est britannique. Je suis donc né à Londres et j’ai vécu en Angleterre pendant plus de la moitié de mon existence avec elle. Mes grands-parents avaient honte d’avoir une belle-fille étrangère. Elle fut donc exilée et moi aussi par la même occasion. »

« Parlez-moi un peu de votre vie en Angleterre. »

« Tout était paisible en apparence. J’étais heureux avec ma maman. Au départ j’étais trop jeune pour me rendre compte de ce qui se passait autour de moi. Il y avait toujours des gens autour de moi pour me surveiller. De ce que j’ai appris, même mes maitresses à l’école étaient payées pour me surveiller. Je n’avais pas le droit d’approcher une flamme ni de près ni de loin. Mon père pensait qu’ainsi en grandissant j’allais changer… Toute cette surveillance parce que j’étais pyromane et que je ne le savais pas. Je ne m’en rappelle pas mais à ce qu’il parait très jeune déjà, j’avais montré des signes de mon obsession pour le feu, à un tel point que j’aurais failli bruler notre maison à Londres. Il était déjà difficile pour mon père de faire exiler sa femme et son fils, si en plus maintenant son seul héritier était un malade mental… Il refusa de m’envoyer chez un psychologue et sans que je le sache j’étais toujours surveillé… »

« Dans votre cas James, vous n’êtes pas complètement malade. Il s’agit d’impulsions que vous pouvez parfaitement apprendre à maitriser avec de l’entrainement bien sûr. »

« Je m’entraine tous les jours ! Cela n’empêche que je me retrouve à revenir ici chaque semaine et je m’en passerai bien. »

« Quand vous arriverez à détacher votre regard d’une flamme sans la fixer plus de dix secondes alors là je pourrais vous libérer. »

« Mais je… »

« Continuons James. Quel a été le déclencheur ? Rappelez-vous, comment avez-vous découvert vos pulsions ? »

« … »

« James… »

« J’avais fini par comprendre que j’étais surveillé… Même si je n’en connaissais pas la raison… A l’adolescence, j’ai commencé à me rebeller. Je m’échappais pendant quelques minutes mais je finissais toujours par être rattrapé et renvoyé chez moi. Ce n’est que lorsque j’ai eu 15 ans que j’ai fini par comprendre pourquoi. J’ai demandé la permission d’aller aux toilettes pendant un cours et d’autres amis m’ont rejoint. Pendant qu’eux expérimentaient leurs premières cigarettes, moi j’étais complètement hypnotisé par la flamme de leur briquet… J’ai pris la fuite avec. J’avais besoin de faire bruler quelque chose immédiatement. Alors je suis allé dans notre amphithéâtre et j’ai allumé chaque rideau… »

« Continuez. »

« …L’incendie a pris tout le bâtiment et par chance les élèves ont réussi à être évacués. Pour ma part j’ai été enfermé chez moi pendant une semaine avant d’être envoyé en Corée du Sud. Mon père s’était soudainement trouvé un sursaut de courage pour me faire sortir de mon exil, moi et ma mère, tout ça pour m’envoyer un psy et doubler la sécurité autour de moi. Si seulement il l’avait fait plus tôt… »

« Et qu’avez-vous ressenti quand vous mettiez le feu à votre école à cette époque-là ? »

« C’est très étrange à dire… Mais… J’ai ressenti un plaisir intense… Un peu comme un orgasme pendant un rapport sexuel… »

« Et aujourd’hui, que ressentez-vous ? »

« Une profonde culpabilité… Ce que j’ai fait et ressenti est mal et j’aurai pu tuer un de mes camarades. Je n’ai jamais voulu de mal à personne. Quand je vois des flammes aujourd’hui je me sens mal parce que j’y repense. »

Il ferme les yeux, des larmes roulant sur ses joues sans qu'il ne s'en rende compte. Son psy lui annonce que la séance est alors terminée pour aujourd'hui. Tant mieux, il a besoin de se reposer même s'il sait qu'il sera de nouveau là la semaine prochaine. Il aimerait oublier aussi, mais il n'a pas le droit. C'est le seul moyen pour lui de controler ses pulsions.